Impermanence

Sous mes yeux, l’agonie d’une chute.
Dans un linceul noir de pourrissement
Une feuille – minuscule parachute -,
Volette seule, vers ses anciens amants.

La brise chuchotante la chahute :
Charriée en volutes sous l’emprise du vent
Elle achève trois trop courtes culbutes
Sur le charnier de ses amis d’antan.

L’écorce écorchée, me toise un tilleul.
Dans sa langue, avec tact, je le questionne :
Pourquoi vivre, quand d’un cycle de deuil

Les folles saisons frappent tes filleules ?
La feuillaison, me dit-il, suit l’automne,
Comme pour toi le bonheur suit les écueils.

L’eau vie

Comme ces trois vertes voiles
Un secret dans les toiles
Dominées par les mains
D’un vent calme et serein

Comme l’eau vie et chante
Dans le bateau s’engouffre
Va et vient dans la fente
D’une coque qui souffre

Comme une vie au leurre
Où dormait le mensonge
Sans bruit ni couleurs
Sont désormais tes songes

Comme un violent ciment
Qui bride ta trachée
Abrite en ce moment
Des demi-mots cachés